Novelobs.com : Johnny C'est le triomphe du rock sur la mort

Johnny Hallyday à Bercy : une soirée intense. C'est le triomphe du rock sur la mort
Publié le 29-11-2015 à 16h26 - Modifié le 30-11-2015 à 09h13

LE PLUS. Depuis le 27 novembre, Johnny Hallyday se produit à Bercy, dans le cadre de sa tournée "Rester vivant". Samedi, à la fin du spectacle, le rockeur a entonné "Un dimanche de janvier", un titre qui parle de la marche post "Charlie", devant un écran affichant les couleurs du drapeau français. Une soirée riche en émotions selon Olivier Cachin, qui était présent.

50 ans de carrière. Et quand descend l’immense tête de mort qui s’entrouvre pour révéler le rocker septuagénaire, la même ferveur que quand l’idole des jeunes se révélait aux midinettes des années 1960.
 
La moyenne d’âge a augmenté, mais les fans ont suivi la consigne, celle qui donne son nom à la tournée et ouvre le bal : "Rester Vivant".
 
Bienvenue dans la légende

 
Manteau de cuir noir, poses hiératiques : bienvenue dans la légende. On est le 28 novembre 2015. Sacré samedi soir.
 
"J’espère que nous allons passer une bonne soirée, parce qu’on est là pour chanter et s’amuser", lance Johnny, comme pour conjurer les mauvaises vibrations de cet automne meurtrier.
 
"Vous pouvez taper dans vos mains !". Reçu 5 sur 5 par les spectateurs de l’ex-POP Bercy devenu l’Accorhotel Arena, rénové avec plus de places et des sièges de simili cuir gris en lieu et place des cuvettes plastiques rouges d’antan.
 
David McMurray, le géant noir du sax, s’avance sur le devant de la scène pour un solo massif. Tout au long du concert, chacun des musiciens aura son moment de gloire : la section de cuivre, les choristes filles et garçons (les deux frères Eric et Stephan Filey), le guitariste virtuose Yarol Poupaud, le batteur écossais (en kilt !) Geoff Dugmore, et tous les autres.
 
Une scénographie impressionnante

 
"Noir C’Est Noir" est le premier des multiples hits incontournables à frapper les tympans du public de l’Arène. Le son est précis et puissant, la scénographie impressionnante.
 
Des écrans latéraux et en fond de scène mixent des images de soleil en fusion ("Requiem Pour Un Fou"), de grandes métropoles en accéléré (Tokyo, New York, San Francisco, Hollywood et Los Angeles), d’un ancestral combat de boxe entre le jeune Johnny et un boxeur noir sur un ring de sang ("Ma Gueule") et du concert en cours, avec quelques plans vertigineux de 6 cordes pendant les solos de Yarol et Robin Le Mesurier.
 
"Dans le rock & roll, je ne sais pas si vous avez remarqué, il y a toujours des prénoms de filles : Nadine, Lucille, Suzy Q, Gabrielle… (hurlements du public, mais celle-là sera pour plus tard), Et une certaine jolie Sarah".
 
La dédicace à la plus belle femme chantée avec le cœur du rocker s’achève sur un solo d’harmonica assassin délivré par Greg Zlap, qui renouvellera le tour de force lors du break tellurique de "Gabrielle".
 
La mécanique des cœurs rassemblés 

 
La dédicace à Michel Berger lance "Quelque Chose De Tennessee", que la foule compacte reprend en chœur instantanément. C’est le Cantique des Cantiques, la mécanique des cœurs rassemblés autour de l’Hymne ultime.
 
En mode formation resserrée, Johnny rejoint la petite scène située au centre de la salle, un parcours jonché de "high fives" et de saluts à des fans ébahis qui ne se laveront pas les mains pendant quelques jours.
 
"Gabrielle" vient enfin, chauffé comme une lame en fusion par Greg Zlap qui marque la rythmique à grands coups d’harmonica shamanique, comme des staccatos en rafale, tandis que l’Arena lève les bras en croix pour le refrain : "Oui j’ai refusé/ Mourir d’amour enchaîné".
 
Dédicace à ses prestigieux amis venus le voir ce soir : Eddy "Schmoll" Mitchell, Claude Lelouch, Jean Dujardin. Puis c’est le morceau-titre du nouvel album, "De L’Amour", exécuté en compagnie de celui qui l’a produit, Maxim "Yodelice" Nucci.
 
Quelques touches d'humour

 
Petit enchaînement de vieux classiques rock (l’adaptation française du "Summertime Blues" d’Eddie Cochran en "La Fille De L’Eté Dernier", "Blue Suede Shoes") et c’est le retour sur la grande scène.
 
"L’Envie D’Avoir Envie", un break soul R&B avec deux classiques de Sly Stone chantés par le choristes, "I Want To Take You Higher" et "Dance To The Music", puis "Les Portes Du Pénitencier", étape obligée, superbe cover du classique des Animals "House Of The Rising Sun", avec les mêmes trémolos que lors de sa première sortie en octobre 1964. "Mon Cœur Qui Bat" est le second extrait du nouveau disque, suivi par l’introduction des choristes.
 
Petite touche d’humour, Johnny termine la présentation en lançant : "Et le chanteur du groupe s’appelle…". 20.000 personnes connaissent la réponse et la hurlent d’une même voix.
 
Une Marseillaise spontanée

 
On entre dans le dur du concert, un enchaînement de classiques immarcescibles qui ont traversé les décennies. "Ma Gueule" en monster stéréo, "Que Je T’Aime", qui sonne à chaque interprétation comme une dédicace aux fidèles qui vénèrent le culte Hallyday depuis si longtemps sans faillir, et bien sûr en point culminant "Allumer Le Feu", soutenu par une scénographie redoutable.
 
Voilà plus de deux heures que le taulier ambiance l’Arène, qu’il quitte sous les vivas. Le rappel est d’une rare intensité. Johnny annonce que le morceau qui va suivre est pour les amis qui sont partis. Et tombe dans un silence impressionnant "Un Dimanche De Janvier", la chanson sur la manifestation post "Charlie" écrite par Jeanne Cherhal et entamée à la guitare acoustique par Yodelice.
 
La communion avec le public est à ce moment proche de l’osmose, avec le fond de scène éclairé par un drapeau français en tricolore triomphant fait de lumières LED. À la fin du titre, une Marseillaise spontanée jaillit, suivi d’un "Vive la France" du chanteur qui sonne alors comme une reconquête populaire de la fierté patriotique face à un parti extrême qui tenta de se l’approprier.