Johnny, étourdissant avant la retraite

(article le Temps Culture)

Samedi soir au stade de Genève, quelque 36 000 fans électrisés ont dit adieu à Johnny Hallyday. Récit d’une débauche d’énergie testamentaire

Minuit passé de quelques poussières de confettis dorés et de feux d’artifice. La rythmique véloce du Boléro de Ravel introduit «Et Maintenant (que vais-je faire)». Hallyday a choisi les mots de Bécaud, Monsieur 100 000 Volts, pour symboliser son épilogue. La retraite méritée d’une bête de scène. Une chanson d’amour pour des adieux, qui se veulent forcément déchirants. «Et maintenant que vais-je faire/De tout ce temps qui sera ma vie». Clameur, ferveur. «On t’aime», hurlent les fans transis. Samedi soir au stade de Genève, au seuil d’une nouvelle vie artistique annoncée comme exempte de concerts au terme de 50 ans de carrière, quelque 36 000 personnes ont été électrisées par Johnny. La halte de son Tour 66 (sa chère Route 66, ses 66 ans) aura duré plus de deux heures trente.

Un impressionnant show testamentaire, efficace malgré quelques mollesses, taillé avec force cuivres, guitares, harmonicas et percussions pour les émotions d’une grand-messe sonore et visuelle. La scène immense est surplombée à plus de 30 mètres d’un aigle tout de métal aux ailes démesurées. Dont les yeux s’allument de rouge pour annoncer l’imminente arrivée du messie francophone du rock. Un Johnny qui revisite sa propre histoire en débutant par «Ma gueule», après qu’une nacelle a déposé sur le plancher des mortels un batteur qui sonne le glas. Johnny est enfin là.
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Immobile, en noir de gala strassé, jambes arquées, bras pointant la foule pendant qu’une estrade chargée de ses musiciens et choristes s’avance dans son dos. «Quoi, qu’est-ce qu’elle a ma gueule?» Silence suspendu après ce coup de tonnerre. Hurlements. A l’entame de cette scie surpuissante, standard de son répertoire au même titre que les ballades plus mélodramatiques que sont «Marie» ou ce «Diego» au pathos intact interprété plus tard, on pressent le concert solide.

Qu’on abhorre ou vénère John­ny, force est de reconnaître qu’en son ring du stade de Genève l’interprète et acteur, consultant parfois les prompteurs dissimulés, prend une dimension «extra-ordinaire». En dépit des clichés aussi collants qu’anachroniques de la rock’n’roll attitude hérités du patrimoine américain d’Elvis & Co, malgré tous les artifices visuels convenus distillés sur des écrans amovibles (de taille, d’inclinaison et de dimension différentes) pilotés par des robots étêtés, Johnny (r) assure.

Bien sûr, il semble parfois riquiqui, trônant devant quatre géantes cariatides ailées. Et encore davantage lorsqu’il se livre au cœur de son Acropole à des philosophies de bazar. «Vous savez, dans un monde où beaucoup de choses ne vont pas, où les choses ne tournent pas rond, il suffit d’un mot comme je t’aime. Ça pourrait changer le monde.» Certes, c’est histoire d’évoquer les fonctions de sa femme Laeticia, marraine de l’Unicef à laquelle Hallyday reversera les cachets de ses trois concerts genevois (27 et 28 octobre à l’Arena). Geste qui ne tient pas d’une incommensurable générosité mais de contraintes fiscales. Retour au rhythm’n’blues, sur cuivres festifs et guitares mélos, tandis que défilent les images de son épouse affairée parmi des enfants africains en détresse pour… justement: «Changer le monde».

Ces grotesques naïvetés passées, Johnny reprend le flambeau. Et ce qu’il sait faire de mieux, c’est incarner le vieux loup solitaire, le fauve blessé, tout en force vocale à défaut de nuances. La légèreté d’«Excuse-moi partenaire» précède les tubes «Oh Marie», la charge sexuelle de «Que je t’aime» ou «Gabrielle». A l’amour de laquelle le forçat a préféré ce samedi soir sa guitare. Puis Johnny s’éclipse. Le temps d’un «Born to be Wild» délivré par les choristes et les dix musiciens. Il resurgit des entrailles de la scène pour le classique «Allumez le feu» et son feu d’artifice final. Communion et chœurs généralisés. Spectaculaire mais dénué d’émotion.
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Avant ce qui restera l’un des plus agréables moments du concert. Deux chariots s’avancent en parallèle sur une rampe qui prolonge la scène en un arc de cercle au sein du parterre de spectateurs. Un quasi-moment «d’intimité acoustique» à l’échelle sonore d’une enceinte sportive, offert par Johnny aux côtés de cinq musiciens seulement! Contrebasse, deux guitares, harmonica, une batterie de poche et Johnny à la six-cordes se remémorent les fifties et sixties du rock US. S’enchaînent «Blue Suede Shoes», «That’s Allright Mamma» et «I Got a Woman». Excellente triplette où Johnny a l’air de s’amuser comme un gosse. La gravité est réservée au touchant «Quelque chose de Tennessee» dédié à l’étoile Michel Berger. Johnny repart seul sur son chariot sans feu. Jaillit alors le sprint ultime d’une bluffante puissance tellurique: «Et maintenant», «Toute la musique que j’aime» et «L’envie».

bonjour et bravo pour le texte.
Mais a ce sujet y a t'il un CD ouDVD de prévu pour célébrer ce dernier grand spectacle?
Merci.

Oui tout est prévu..cd et DVD du stade de france mais pour la fin de l'année septembre ou octobre mais iJohnny a prolongé sa tournée jusqu'en fevrier 2010 donc peut-être que la sortie sera plus tardive..enfin je pense pas..le fait d'acheter son dvd ou cd n'empêche pas les fans d'aller voir johnny en concert..donc fin d'année

Autour du Tour 66, le buzz s’organise. Déjà, les premières vidéos sont accessibles sur le site officiel de la tournée www.tour66.fr.

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