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Johnny : le regard de philippe LABRO
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Johnny : le regard de philippe LABRO
Le regard de Philippe Labro.
Bleus, les yeux, et en amande, en irrégulier dessin, et riches de ce mystère, cette mélancolie, cette solitude, ce regard de qui a tout vu et n'a jamais connu le repos, ce secret que son plus récent metteur en scène, le Chinois nommé To, avoue n'avoir pas pu déchiffrer.
Ridé, désormais, le visage, terriblement ridé et parcheminé, alors qu'à ses débuts, il avait une belle gueule d'ange blond aux lèvres sensuelles, avec cette moue boudeuse et cette savante, même s'il ne l'avait pas inventée, stratégie du non sourire. Une star sourit peu. Elvis, Brando, Dean souriaient le moins possible. Dès lors, quand ils daignaient le faire, cela ressemblait à une offrande destinée à leurs fidèles. Il avait compris ce principe très tôt. Il avait tout compris, Johnny, tout seul, personne ne lui a rien appris. Il n'a eu ni mentor, ni maître, il s'est débrouillé tout seul - sans père, sans guide, sans repères.
Il a tout appris de la route et de la nuit, des dangers qu'il se créait à lui-même, de l'observation silencieuse des autres - j'ai rarement rencontré quelqu'un qui sache aussi bien se taire et enregistrer ce qui se passe et se dit, la tête légèrement baissée, comme en pénitence - et des échecs, blessures, accidents, ruptures, divorces, tentatives de suicide, ingurgitation de toutes sortes de liquides et autres ingrédients illégaux. Il a tout accumulé, engrangé, assimilé, adopté puis rejeté, évoluant avec les décennies, les modes, les langages, éternel caméléon, incroyable miroir de cinquante et quelques années de la vie d'un pays, étonnante traversée du livre événementiel français qui va de De Gaulle à Sarkozy, d'Édith Piaf à Dany Boon, de la guerre d'Algérie à la grippe A. Grâce à cette extraordinaire capacité de durée (la marque du chef-d'œuvre, selon Goethe), Johnny Hallyday a accompagné la globalité de sa génération à laquelle sont venues se greffer toutes les autres qui suivirent, si bien, me dit-il, « qu'il y a des gosses de 15 ans, d'autres de 25, de 40, de 50, de 60 » lorsqu'il s'avance sur scène. « Je leur propose un compte rendu qui part du début des années 1960 jusqu'à aujourd'hui. Rien que des tubes qui racontent une histoire. Les gens savent qu'il s'agit de la leur. » Au Stade de France, cette semaine, pendant trois jours, ils seront trois fois 85 000 - 250 000 personnes ! - qui ne viendront pas seulement pour entendre « toute la musique que j'aime » mais pour se contempler à travers lui, chanteur populaire par excellence.
Phénix
Il arrive ainsi que certains personnages - ce sont généralement des acteurs de cinéma, des sportifs ou des chanteurs - réussissent à représenter et incarner une époque et porter une identité qui les confond avec la masse qui les aime - parce qu'ils ressemblent à cette foule, tout en étant singulièrement différent d'elle. Ce fut le cas de Maurice Chevalier, de Jean Gabin - en sport, de Marcel Cerdan, Platini, Zidane. Tous venus du peuple, venus de nulle part, ayant passé par des chutes, des parcours du désert, des rebondissements. Tous des phénix. C'est pour cette raison qu'Hallyday, au long de cette ultime « dernière tournée », reçoit et recevra un tel unanime accueil. Parce qu'il a survécu à tout. Presley, Hendrix et Morrison, Joplin et tant d'autres sont enterrés au grand cimetière des rockers autodétruits. Lui est toujours là. Ceux qui viennent l'entendre croient voir le gagnant qu'ils auraient aimé être, l'ami avec qui boire un verre et déconner très tard jusqu'aux heures très pâles, le jeune homme qu'ils ont côtoyé au service militaire, le rêve d'une réussite qui leur a échappé. Mais ils n'éprouvent aucune envie à son égard, aucune jalousie, aucun ressentiment, puisqu'ils admirent et reconnaissent son talent. Ils sont à la fois proches de lui - sa démarche, son parler, sa simplicité - et très lointains, car il possède ce que d'autres n'ont pas. Une voix, un corps, une attitude.
Fracassante voix
La voix, on n'a pas assez expliqué à quel point elle a évolué de la juvénilité charmante et syncopée de ses débuts vers la puissance maturée de sa cinquantaine, puis soixantaine. De ce coffre d'athlète (« Je fais trois heures de cardio par jour, je m'entretiens ») de cette épopée rocambolesque, de ces nuits plus que blanches, de ces milliers de cigarettes qui lui ont donné la raucité et la gravité d'un vétéran de l'existence, de l'agrégat de matériaux qui font une vie, il a su tirer une dimension qui lui permet de travailler et porter sa voix plus haut, plus profond, plus charnu. Valeur ajoutée : c'est parce qu'elle est fracassante, sa voix, qu'il est capable de l'atténuer jusqu'au chuchotement attendri et feutré quand il parle de « Laura », quand il aborde la mélodie la plus douce, le « love me tender, love me sweet ». La vérité c'est qu'Hallyday peut tout chanter : du Piaf, du Brel, du Bécaud, l'Ave Maria, le rock et le blues. Il est crédible.
Le corps est tout aussi vrai, authentique, impressionnant. Épaissi, sachant encore se déhancher, même si l'on n'assiste plus aux roulades frénétiques sur la scène de la place de la Nation, en juin 1963, à ses contorsions désespérées qui faisaient hurler les filles, il lui reste cette animalité, ce dégagement magnétique, cette présence et cette densité qui occupent l'espace. C'est la « Bête ». Dans ce balancé des épaules et cette coriacité des types qui ont poussé les portes des cafés louches et des maisons pas vraiment closes, le travailleur manuel, le routier, le motard, le trimardeur, le gardien d'immeuble et le docker peuvent s'identifier à cette silhouette chaloupée, cet homme qui marche, lourd d'un passé encombré de bagarres et d'accidents sur des chaussées équivoques.
Quant à l'attitude, elle n'est plus très loin, aujourd'hui, de jouir d'une manière d'unanimité. Il est intouchable. Il est trop romanesque pour être vilipendé, trop hors normes. Il a dépassé le temps où les intellectuels, les bourgeois, les ricaneurs, les puristes, les caricaturistes de profession et les imitateurs du petit écran, les cultivés et les dérisionistes le tenaient dans leur haut mépris et leur profonde incompréhension. On dirait que, sidérés, ils ont fini par accepter cette créature étrange qui a interprété du Sagan, du Nimier, du Berger, du Goldman, du Shakespeare, du Godard, et à qui le grand Brassens rendait hommage avant bien d'autres. Au fil des années, par la seule vertu de sa franchise, ses choix assumés, sa liberté d'être, les épisodes successifs de son feuilleton médiatisé et cette impalpable sensation qu'il donne de n'en « avoir rien à foutre » alors qu'on sait son ultrasensibilité, Hallyday a fini par les lasser et les subjuguer. Et les plus virulents critiques admettent à voix basse : « Y en pas deux comme lui. » Il est immunisé, en quelque sorte.
Déraciné
Ultime surprise : cet homme sans père, ce déraciné, cet insomniaque angoissé par le néant et la mort, a su construire ce qui lui a le plus manqué : une famille. Le 5 juillet prochain, à Lauenen, près de Gstaad, entre deux étapes de sa tournée, aux côtés de Laeticia (rencontre miracle qui clôtura les pages de ses fresques amoureuses), il baptisera Joy, leur deuxième fille d'adoption. Alors, cet enfant de la balle, ce rocker nomade qui me demandait à 3 heures du matin dans un hôtel de la banlieue de Londres comment on peut faire pour « traverser la nuit de l'âme », éprouvera peut-être le sentiment d'avoir capturé cette chose élusive après quoi il a couru toute sa vie - une sorte de sérénité. Et bien qu'il confie ne jamais vouloir arrêter de bouger (« la retraite, c'est la mort »), il n'est pas impossible que l'éternel navigateur à la poursuite de son surmoi voie enfin poindre les rives couleur pastel de la sagesse.
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