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Le monde..portrait de johnny Hallyday "vengeance"

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Message  RONIQUE63 Lun 18 Mai 2009 - 0:12

Le monde..portrait de johnny Hallyday "vengeance" V_7_il10


Le Monde....
Actualités
Festival de Cannes...portrait Johnny Hallyday



Johnny Hallyday, le rôle de sa vie

Cette fois, Johnny Hallyday a dû la boucler. Il prononce bien quelques mots dans Vengeance, son nouveau film, tourné à Hongkong à la fin de 2008, présenté le 17 mai en sélection officielle au Festival de Cannes, et tourné sous la direction de Johnnie To, le réalisateur le plus en vue de l'ancienne colonie britannique avec John Woo, Wong Kar-wai et Tsui Hark. Mais, en dépit de quelques phrases en français et en anglais, c'est une sorte de couvre-feu verbal qui a été imposé au chanteur et acteur. Johnny Hallyday a bien tenté de négocier un temps de parole supplémentaire, une phrase, un mot, une intonation, même. L'incantation s'est le plus souvent heurtée à un mur. "Assez de parlotes, lui a opposé Johnnie To. Les dialogues m'ennuient. Je préfère les acteurs muets."

L'acteur a argumenté avec son réalisateur, dans ce qui s'est révélé un dialogue de sourds. Car si le premier parle parfaitement anglais, To l'ânonne au mieux. "Boring, répétait-il. Mais c'est quoi, ennuyeux, se demande encore Johnny Hallyday, quand il s'agit de ne modifier qu'un tout petit mot ?" Dans le contexte d'un tournage à Hongkong, où l'on travaille six jours par semaine, sans limite horaire, souvent de nuit, jusqu'à l'épuisement, et venant d'un metteur en scène très bien élevé, fumeur averti de cigares, amateur de vin français, mais sujet à des crises de nerfs quand ses comédiens ne suivent pas ses indications à la lettre tant il conçoit son métier à la manière d'un général en campagne, l'une des interprétations possibles de "Boring" pourrait être : "Tu m'emmerdes !". Johnny l'a donc bouclée.

Il avait déjà subi un traitement comparable, dans un contexte différent, à une époque plus lointaine, en 1954. Il s'appelait encore Jean-Philippe Smet. Sa tante, Hélène Mar, l'avait inscrit à un cours de comédie où l'un des assistants du réalisateur du Salaire de la peur, Henri-Georges Clouzot, recherchait des figurants pour sa nouvelle production, Les Diaboliques. Jean-Philippe Smet a donc fait partie des gamins censés appartenir à un cours privé dont l'une des institutrices, Simone Signoret, est la maîtresse d'un directeur tyrannique incarné par Paul Meurisse. L'expérience se révéla désastreuse. Clouzot, ne supportant pas les enfants, "les parque comme dans un enclos et leur gueule dessus", se souvient Hallyday, tandis que l'épouse du cinéaste, Vera, était chargée de leur distribuer des chocolats.

Sur Les Diaboliques, Jean-Philippe Smet n'était rien. Dans Vengeance, Johnny Hallyday est tout. D'une évidence majestueuse. On ne l'avait jamais vu ainsi à l'écran. On n'espérait en fait plus le voir aussi grand. A croire que Johnny n'avait jamais existé au cinéma, qu'il avait suivi un tout autre destin. A croire que, conservé dans du chloroforme ou préservé des aléas de la célébrité, il avait été éduqué, entraîné et choyé dans un monastère retiré du monde dans la seule intention d'hériter, à bientôt 66 ans, du rôle de sa vie.

NÉCESSAIRE AMNÉSIE

A Hongkong, Johnny est une page blanche. Un inconnu et un étranger. Une créature créée ex nihilo par Johnnie To, avec le visage d'un occidental, mais éclairé de telle façon qu'il semble posséder les traits d'un acteur chinois. Le chanteur a été programmé, façonné et réinventé pour répondre aux spécificités du personnage principal de Vengeance. Cette réinvention est aussi une restitution. En transformant Johnny en acteur asiatique, en le privant de son droit à la parole, en le filmant comme un roi déchu, Johnnie To permet à sa vedette de devenir elle-même.

Dans Vengeance, Francis Costello, un ancien gangster reconverti à Paris dans la restauration, débarque à Hongkong pour venger sa fille, interprétée par Sylvie Testud, et sa famille, massacrée par un parrain de la mafia locale. Dans cette île où il ne connaît personne, il embauche trois tueurs à gages pour l'aider à mener à bien sa tâche.

Francis Costello souffre symboliquement de troubles de la mémoire, séquelles d'une balle restée logée dans son cerveau. Cette amnésie n'est pas un handicap. Elle se révèle la condition nécessaire pour permettre à Johnny de surmonter quarante-sept ans de carrière au cinéma – son premier rôle adulte remonte à 1961, dans Les Parisiennes, de Marc Allégret –, soit quarante-sept ans de mauvais films. A l'exception de Détective (1985), de Jean-Luc Godard, de L'Homme du train (2001), de Patrice Leconte, et de figurations plus ou moins heureuses, comme dans L'Aventure c'est l'aventure (1972), de Claude Lelouch, le parcours de Johnny au cinéma ressemble à un chemin de croix, qui prend son sens aujourd'hui par la grâce d'un seul film. Vengeance raconte cette rédemption. Celle d'un homme qui voulait devenir acteur et a dû vivre presque toute une vie avant d'y parvenir.

Le personnage de Francis Costello fait référence à celui de Jeff Costello, le tueur solitaire interprété par Alain Delon dans Le Samouraï (1967), de Jean-Pierre Melville. Delon devait tenir à l'origine le rôle vedette de Vengeance. Johnnie To l'avait rencontré en Paris et n'imaginait aucun autre comédien à sa place. Delon est en Asie une vedette et une divinité, en raison justement du film de Melville, dont l'atmosphère chevaleresque et la fascination pour l'Orient obsèdent les cinéastes de Hongkong. Johnnie To voulait ressusciter le tueur du Samouraï, quarante ans plus tard, dans l'ancienne colonie britannique. L'acteur français s'est pourtant retiré du projet. Et le nom de Johnny Hallyday est naturellement arrivé sur la table. Un nom qui véhicule une autre légende, liée à la scène et à la musique.

Mais ce mythe Johnny ne s'est pas propagé jusqu'à Hongkong. Johnnie To connaissait à peine le comédien. Il savait tout juste qu'il avait joué dans L'Homme du train et Détective, film que le réalisateur hongkongais n'a toujours pas eu le courage de regarder. Il ignorait également tout du chanteur. Deux DVD des concerts de Johnny, le premier à Bercy, le second au Stade de France, apportés par les producteurs français de Vengeance, Michèle et Laurent Pétin, l'ont convaincu de l'indéniable présence d'Hallyday sur scène.


C'est la rencontre en personne avec le chanteur dans un restaurant parisien qui a emporté l'assentiment du réalisateur. Johnny était tout de noir vêtu, veste, chemise et cravate. Johnnie To imaginait ainsi le personnage de Vengeance, "comme un soleil noir", surgissant des ténèbres pour se retrouver dans la lumière. Vengeance devait mettre en scène le crépuscule d'Alain Delon. Il racontera la naissance, au cinéma, de Johnny Hallyday. "Et puis, il y avait ces yeux, se souvient Johnnie To. Le regard de Johnny est l'un des plus étranges qu'il m'a été permis de croiser. Vous ne savez jamais ce qui se cache derrière ces yeux, vous devinez qu'ils expriment toute une série de blessures, de drames personnels, de traumatismes, sans savoir lesquels. J'ai su tout de suite qu'en filmant ces yeux j'aurais un film. Dites-moi, vous qui avez vu la plupart des films de Johnny au cinéma, quelqu'un s'était-il donné la peine auparavant de s'arrêter sur son regard ?"
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Johnnie T.

Réalisateur prolifique, Johnnie To a signé une cinquantaine de films pour l'industrie du cinéma hongkongais en bientôt trente ans de carrière. Seuls quelques-uns ont été distribués en France. Parmi les meilleurs :

The Mission, 2001. Cinq tueurs à la personnalité et au style bien différents sont embauchés pour assurer la protection d'un parrain de la Mafia. Cinq beaux numéros d'acteurs, dont ceux d'Anthony Wong, Simon Yam, Suet Lam, tous présents dans Vengeance.
Breaking News, 2005. Cinq braqueurs audacieux sont retranchés dans un immeuble. Les forces de police, en nombre et sûres d'en venir à bout, acceptent la présence de caméras de télévision. Le show se révèle, comme l'est le film, spectaculaire.
Exilé, 2007. Trois tueurs débarquent à Macau pour en liquider un autre retiré là. Mais d'anciennes amitiés jouent. Pour Macau, qui semble terriblement exotique comparé à Hongkong.
Sparrow, 2008. Trois pickpockets sont séduits par une jeune femme qui souhaite quitter son encombrant protecteur mafieux. Une comédie, et un final étonnant, sous une pluie battante, bataille rangée entre voleurs à la tire rivalisant d'habileté.
Johnny H.

Acteur, Johnny Hallyday ne compte que peu de prestations notables :

L'aventure c'est l'aventure, de Claude Lelouch, 1972. Où Johnny fait bonne figure dans son propre rôle, en compagnie de Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner.
Détective, de Jean-Luc Godard, 1985. Avec Nathalie Baye, son épouse à l'époque, il participe à cette entreprise de destruction des codes du film noir engagée ici par Godard.
L'homme du train, de Patrice Leconte, 2001. Johnny en braqueur fatigué, dans un superbe face-à-face avec Jean Rochefort.
Love Me, de Laetitia Masson, 2000, et Jean-Philippe, de Laurent Tuel, 2006. Le premier dans un rôle de rocker, le second dans le rôle de Jean-Philippe Smet-qui-ne-serait-jamais-devenu-Johnny-Hallyday. Où il est démontré que l'acteur reste scotché au chanteur.
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Lorsque Johnny se présente au restaurant du Beverly Hills Hotel, à Los Angeles, l'un de ses lieux de prédilection dans la ville californienne – il a autrefois résidé plusieurs mois dans un des bungalows de l'établissement –, le chanteur apparaît de nouveau vêtu en noir. Veste et chemise, sans cravate cette fois. Une réplique presque à l'identique de l'homme qui est apparu un an plus tôt devant Johnnie To. Soumis à un régime drastique depuis qu'il prépare sa tournée d'adieux, qui a débuté le 5 mai, le chanteur se contente d'une viande grillée. "Je veux ensuite me consacrer à ma famille et au cinéma. Aux Etats-Unis et en Asie de préférence, car j'ai l'impression que je ne trouverai jamais ma place dans le cinéma français. Je resterai toujours Johnny là-bas."

LE STYLE C'EST L'HOMME

"L'uniforme Hallyday", où le noir est de mise, avec un crucifix attaché autour du cou – Jésus, bras écartés, a une guitare plaquée sur le torse – tandis que ses tatouages descendent jusqu'au poignet, prend une autre signification à l'aune du film de Johnnie To. Les attributs si connus du chanteur y deviennent des signes mystérieux dont la signification est peu à peu dévoilée. Il y a un style Hallyday. Et dans Vengeance, ce style c'est l'homme. Johnny n'y est pas seulement l'occidental perdu en Orient, le seigneur mêlé aux sans-grade du crime organisé, la figure désuète d'un cinéma policier français des années 1970 portant un pardessus au col relevé et un borsalino, et ce au XXIe siècle. Il s'impose comme le facteur humain venu bouleverser les règles d'un monde de chiens. L'élément surprenant et incontrôlable, porteur d'une mélancolie qui révolutionne les codes d'un univers martial. L'étranger porteur d'une musicalité secrète et d'une poésie latente dans ce film qui semble parfois se dérouler comme dans un rêve.

Le bureau de Johnnie To est situé dans une ancienne usine désaffectée, loin du centre de Hongkong, dans la même rue abandonnée où il a tourné le plan-séquence d'ouverture de Breaking News, le film qui l'a révélé au grand public après sa présentation hors compétition en 2005 au Festival de Cannes. L'intérieur de l'immeuble ressemble à une cathédrale vidée de certains objets de culte, remplacés par d'autres, moins conformes au rituel. Dans la pièce où travaille le réalisateur, la bible en usage se compose désormais des pages, affichées sur les murs, du scénario du remake du Cercle rouge, que To espère réaliser juste après Vengeance.

Le polar de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon, Bourvil, Yves Montand et Gian Maria Volonte, avait été, en 1970, son plus gros succès. Melville filmait pour la première fois des hommes de son âge, déchus, abandonnés et condamnés à une solitude dérisoire. Le réalisateur du Deuxième souffle souhaitait confier à Johnny Hallyday le rôle du détenu qui parvient à sauter du train et à s'enfuir pour terminer par hasard dans le coffre de la voiture d'un autre malfrat, interprété par Alain Delon. Melville et Hallyday avaient déjeuné ensemble à plusieurs reprises au Tong Yen, un restaurant vietnamien du 8e arrondissement de Paris. "Melville prenait seulement des crevettes vapeur, se souvient Hallyday. Malgré ce régime drastique, il ne parvenait pas à maigrir."

La jeunesse du chanteur fascinait Melville. Sa mélancolie l'émouvait davantage, comme si quelque chose s'était prématurément fané chez lui. Le réalisateur français avait décelé chez le rocker une profondeur insoupçonnable en regard des trois films navrants où il était apparu en vedette. D'où viens-tu Johnny ? (1963), de Noël Howard, Cherchez l'idole (1964), de Michel Boisrond et A tout casser (1967), de John Berry, capitalisaient sur l'idole yé-yé. La confusion entre l'acteur et le chanteur colle désespérément à la peau de la vedette, en témoigne le crooner fatigué qu'il interprète dans Love Me (2000), de Laetitia Masson, ou le Jean-Philippe à la recherche de Johnny dans la comédie en abyme, Jean-Philippe (2006), de Laurent Tuel.



Samuel Blumenfeld.


Dernière édition par RONIQUE63 le Lun 5 Oct 2009 - 11:32, édité 1 fois
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Le monde..portrait de johnny Hallyday "vengeance" Empty Re: Le monde..portrait de johnny Hallyday "vengeance"

Message  RONIQUE63 Lun 18 Mai 2009 - 0:13

[suite]

LE SYNDROME ELVIS

Hallyday est trop longtemps resté victime du syndrome Elvis Presley, dont la carrière cinématographique s'est avérée une catastrophe artistique, en totale contradiction avec son image scénique révoltée et sensuelle. "La carrière d'Elvis au cinéma ressemble à mes débuts. On ne m'a proposé que des merdes. Elvis portait l'image de Presley le rocker sans parvenir à s'en débarrasser, si ce n'est dans Le Rock du bagne. Prenez un film comme GI Blues, même les chansons sont moches. Elvis restait un rocker aux Etats-Unis, comme moi en France."

Melville avait compris que la jeunesse d'Hallyday n'était qu'une apparence qu'il s'efforcerait de contredire pour laisser deviner un homme déchu et abandonné, condamné, à l'instar de ses partenaires du Cercle rouge, à la plus profonde solitude. Johnny aurait dû devenir le personnage principal d'un film qui se voulait l'aboutissement d'un genre, le grand polar français crépusculaire, où il se serait imposé comme l'héritier de Gabin, Ventura et Belmondo. Pour des raisons de coproduction avec l'Italie, le rôle proposé à Johnny échut à Gian Maria Volonte. Melville ne pardonnera jamais au comédien italien d'avoir pris la place de son acteur de choix, au point de l'humilier tout au long du tournage. Hallyday avait, lui, manqué le train de l'histoire, comme Elvis Presley en 1961, lorsque son imprésario, le colonel Parker, s'opposa à ce que son poulain tînt le rôle dont héritera George Chakiris dans West Side Story, de Robert Wise.


Quand Melville commence le tournage de son film, début février 1970, Johnny prend la route, le 20 du même mois, au volant de sa DS, pour rejoindre Besançon où il doit se produire en concert le lendemain. Le temps est mauvais, la route recouverte d'une pellicule de neige fondue, quand son véhicule dérape. Le chanteur s'en tire avec quelques jours d'hospitalisation et une fracture du nez. Il a failli ne jamais se remettre de son éviction du Cercle rouge. Juste retour des choses, ce cercle imaginé par Melville, métaphore d'un destin inéluctable auquel personne ne peut échapper, s'est finalement refermé, quarante ans plus tard. Johnnie To a proposé à Johnny Hallyday de tenir dans sa version du Cercle rouge, aux côtés de Liam Neeson, Orlando Bloom et Chow Yun-fat, le rôle de l'ancien policier devenu alcoolique, incarné autrefois par Yves Montand.


MCQUEEN, L'ACTEUR IDÉAL

Sur la table de travail de Johnnie To à Hongkong, parmi les pages éparpillées du scénario du Cercle rouge qui n'ont pas trouvé place sur le mur, on peut apercevoir le célèbre livre de photos de Steve McQueen par William Claxton, peut-être l'un des plus beaux jamais consacrés à un acteur (on doit aussi au photographe les portraits les plus iconiques du jazzman Chet Baker). Sur la tablette du salon de la maison de Johnny Hallyday à Los Angeles, sur les hauteurs de Hollywood Hills, on retrouve le même ouvrage. La présence du même livre d'un continent à l'autre ne doit rien au hasard. McQueen représente pour tout un ensemble de raisons, pour le comédien comme son réalisateur, l'acteur idéal.

Pour l'interprète de Vengeance, McQueen est une icône et un idéal à atteindre, au même titre que Marlon Brando, James Dean et Montgomery Clift, les quatre figures, découvertes par Johnny durant son adolescence, qui provoquèrent chez lui un tsunami mental au point de le convaincre que le métier de comédien, et pas celui de chanteur, était sa vocation. L'admiration marque aussi une filiation. McQueen n'a jamais connu son père. La seule fois où ce dernier s'est intéressé à son fils, ce fut pour s'écrier devant un poste de télévision, dans un bar, à des habitués médusés : "Tiens, on dirait que c'est mon fils, et qu'il est devenu vedette de cinéma." Johnny a rencontré pour la première fois son père lors de son service militaire. Le sergent Hallyday se trouvait alors à Offenburg, en Allemagne. Un officier supérieur est venu l'avertir que son père l'attendait devant la grille de la caserne. C'était la première fois qu'il donnait de ses nouvelles depuis qu'il avait abandonné son fils qui n'avait que 6 mois. "Il m'a tendu un ours en peluche à travers la grille et, au moment où je m'en suis emparé, huit paparazzis ont surgi et m'ont mitraillé. Mon père avait vendu le reportage à des journaux. J'ai tenté de l'aider par la suite. Je lui ai acheté un costume Cerruti, qu'il a revendu moitié prix au magasin. Je lui ai loué un appartement, où il a mis le feu."

Johnnie To admire chez Steve McQueen l'acteur ingérable qui réécrivait les scénarios, au désespoir de ses réalisateurs, même les plus expérimentés, pour rayer des lignes entières de dialogue de ses rôles. "McQueen comprenait qu'il lui fallait, si possible, tirer parti de son visage. C'était dans son genre un génie, estime Johnnie To. Il avait compris qu'un clin d'œil exprimait plus de choses que des pages entières de texte. Regardez ce qu'il accomplit dans la première demi-heure de Guet-Apens, de Sam Peckinpah. Il atteint la grâce des grands acteurs du muet. J'attendais des prouesses comparables de la part de Johnny. Quand on possède pareil visage, c'est la moindre des choses." Johnnie T. a compris que c'est bâillonné que Johnny H. s'affirmerait pleinement. Pour lui permettre d'exister à l'écran, d'exprimer cette qualité de star tant de fois réprimée à l'écran, il a fallu lui barrer tout accès au vocabulaire, lui enlever littéralement les mots de sa bouche.

"TU ME PLAIS"

La collaboration entre Johnny et Johnnie s'est déroulée en lisière de la langue : une intonation proposée par Johnny H. et validée par Johnnie T., parfois un mot pour un autre, dans un troc serré, où un accord se trouve à portée de main à la condition de rester sur le même nombre de syllabes. "Sur le plateau, se souvient Sylvie Testud, Johnny se place et se pose, ce n'est pas un grand parleur, il y a même des moments où il semble se mettre seul au milieu de tout le monde. Il n'avait pas besoin qu'on lui parle." Les deux hommes ont passé des heures au restaurant à discuter, en marge du plateau. Johnny H. parle couramment anglais et français. Johnnie T. chinois, et vaguement anglais. Ils ne se sont donc rien dit. Ce qui ne les a pas empêchés de parfaitement se comprendre. Un jour, n'en pouvant plus, Johnny a demandé à Johnnie pourquoi il l'avait pris sur son film. Le Hongkongais a longuement réfléchi, s'est penché vers son interprète, qui a transmis le message : "Tu me plais." Johnny avait connu un échange comparable avec Jean-Luc Godard dans ce que le chanteur considère comme son premier film, Détective. Les deux hommes s'étaient donné rendez-vous chez Dessirier, un restaurant de poissons du 17e arrondissement de Paris. Ils avaient chacun commandé une sole vapeur, dégustée sans échanger le moindre mot. A la fin du déjeuner, Godard lui demanda : "C'était bon, non ?" Johnny répondit : "Oui, c'était bon." Godard reprit après un court silence : "On commence dans quinze jours." Le chanteur incarnera un entraîneur de boxe qui mise tout sur la victoire de son poulain pour éponger des dettes contractées auprès de la Mafia.

Le tournage se déroule à l'Hôtel Concorde Saint-Lazare. Pendant trois semaines, Godard arrive tous les matins, regarde par la fenêtre, et affirme à son équipe : "C'est pas un bon jour aujourd'hui, on se reverra demain." Le film sera finalement tourné en deux semaines. "Il m'a sans cesse mis en porte-à-faux, se souvient Johnny, passant des compliments aux critiques les plus humiliantes. Un jour, il me disait : "Tu es un opéra, joue sur scène comme dans la vie, tu es inimitable." Le lendemain il me lâchait : "Tu es à chier !". Mais bon, je lui pardonne. Godard n'aimait pas les acteurs qui parlent juste, c'est très étrange. Je ne comprends pas non plus mon changement de statut après ce film. La critique intello s'est mise à me révérer du jour au lendemain, comme si Godard avait eu l'effet d'une baguette magique."


Johnny Hallyday mettra du temps à saisir le rapport de Godard à la lumière. Ce dernier la fuit, au point d'interdire au chef opérateur de Détective, Bruno Nuytten, d'en ajouter. "Il lui répétait sans cesse : "Je vois bien mes pieds tout seul dans le couloir, je n'ai pas besoin de tes projecteurs"." Quelques mois plus tard, le chanteur, en tournée à Lausanne, appelle Godard dans sa maison à Rolle. Le réalisateur l'invite à découvrir un premier montage de Détective, Johnny lui propose de venir le voir en concert. "Trop de lumière", répond le réalisateur du Mépris en déclinant l'invitation. "Je comprends, explique Johnny. Chez Godard, c'est très sombre, il n'y a presque pas de fenêtres. Dans des conditions pareilles, on ne peut apprécier la lumière."


UN MOMENT D'INTIMITÉ

La scène préférée de Johnnie To dans Vengeance est celle où sa vedette, privée de sa mémoire, échoue sur une plage avec des enfants. Il partage son repas avec eux, joue au foot et rit. Cette séquence n'a cessé de prendre de l'importance à mesure que le réalisateur avançait dans son montage. "Johnny y est naturel, il ne force pas, il exprime une plénitude rare." En fait, le film ne cesse de tendre vers ce moment. Johnny H. s'est battu avec Johnnie T. sur cette scène. Il tenait absolument à ce que Vengeance ne soit pas seulement un film d'hommes, et a obtenu gain de cause. Johnny s'est conduit avec son réalisateur comme le "chanteur interprète" – il aime se définir ainsi – se comporte avec ses paroliers. Sans jamais les lâcher, en se battant à la marge, conscient qu'"une syllabe, une virgule ou une intonation changent une interprétation". Il a tant insisté pour obtenir un moment d'intimité sur Vengeance que son metteur en scène a dû baisser les armes. "Je tenais tellement à me servir de ce que je vis aujourd'hui avec ma famille et l'insérer à l'écran. La solitude me fout la trouille, je ne voulais pas terminer seul, mais entouré de gamins."

Johnny a cette solitude en horreur depuis ce jour de février 1989 où il s'est rendu à l'enterrement de son père, Léon Smet. "J'étais tout seul, j'ai suivi le corbillard, il n'y avait vraiment personne. C'est une chose qui m'a marqué. J'ai une vie de famille à laquelle je tiens beaucoup et devant laquelle mon père a toujours fui." Un père, ancien professeur d'art dramatique, dont Johnny se sent aujourd'hui assez fort pour réclamer l'héritage. "Serge Reggiani m'a dit qu'il avait pris des cours avec lui à Bruxelles. J'ai été très fier en apprenant cela. Mon père avait beaucoup de talent, mais c'était un alcoolique fini. Il est mort comme ça, ivre, ramassé dans une rigole."

Vengeance est donc un titre à prendre au pied de la lettre : Johnny vient réclamer son dû. L'ironie veut qu'en devenant lui-même, soit un inconnu qui tape dans un ballon sur le sable avec des gamins, il tourne le dos à une image et à un cliché d'acteur martial et de rocker acteur qui lui collaient comme la poisse. Vengeance en dit plus sur l'intimité de sa vedette que ce qu'une armée de paparazzis ne saurait déceler, tant le roi est nu.

"Je me demande encore ce qui se cache derrière les yeux de Johnny", reconnaît Johnnie To. C'est une question de cinéaste, qui sera résolue plus tard, et seulement au cinéma. Une question qui se pose au sujet d'un homme qui n'est plus seulement une célébrité, mais un acteur.

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