Johnny dans "le parisien" Articles

A l’heure des adieux, Johnny mise sur le cinéma
A la veille d’une série de concerts présentés comme les derniers, la star confie vouloir se consacrer à sa carrière d’acteur. Cannes lui déroule déjà le tapis rouge pour « Vengeance ».

C’est sa dernière ligne droite. A partir du 8 mai prochain au Zénith de Saint-Etienne, Johnny Hallyday va se lancer dans une tournée annoncée comme sa dernière, point d’orgue d’une carrière unique en son genre. Depuis ses débuts à l’aube des années 1960, le chanteur s’est en effet inscrit à la force du poignet au catalogue des monuments nationaux, tel un personnage omniprésent et incontournable.

Soit un rockeur à la française qui a accompagné son public cinquante ans durant sur tous les terrains avec une constance bien à lui, de traversées du désert en come-back flamboyants, de polémiques tapageuses en retours d’affection.

Un vrai barnum

Comme il se doit, il y a adieux et adieux. Si Hallyday, bientôt 66 ans, déclare désormais s’interdire les séries de concerts sans fin, il ne se privera pas d’enregistrer des disques ni, pourquoi pas, de remonter sur scène à l’occasion. Mais c’est promis sans cette obsession de la démesure qui le caractérisait, cette avalanche d’effets et de chiffres qui, à chaque fois, l’oblige à proposer plus fort, plus grand, histoire de marquer les esprits et de se montrer à la hauteur de sa réputation. En attendant, on comptera pour ce « Tour 66 » 250 personnes au turbin, une scène de 60 m de longueur et 30 m de hauteur pesant plus de 280 t. Sans oublier les 8 écrans géants sur bras robotisés — une technologie inédite —, le tout transporté sur les routes de France par 70 semi-remorques.
Un vrai barnum orchestré par son producteur, Jean-Claude Camus, au budget estimé entre 10 M € et 15 M € . Lorsque tout cela sera plié et remballé en novembre prochain, pour lui la vie va commencer. Sur grand écran et en cinémascope puisque Hallyday paraît bien décidé à se consacrer à une carrière d’acteur jusqu’ici en dents de scie. Un virage d’ores et déjà bien négocié avec ce « Vengeance », réalisé par Johnnie To, où il brille en gangster sur le retour, un Français perdu dans les guerres des triades entre Macao et Hongkong. Et lorsqu’il gravira les marches du palais des Festivals à Cannes, il y a fort à parier qu’il jouera aussi gros qu’en montant sur scène. Pour la dernière fois, et jusqu’à la prochaine.





Le Parisien

--------------------------------------


Johnny : «Je suis fatigué de cette vie-là»

Un magasin de décoration du côté de la place des Victoires à Paris. A l’intérieur, Johnny Hallyday. La star y enregistre une interview télé. Arrivé en milieu de semaine des Etats-Unis, il se prépare à partir pour Saint-Etienne, où débutera le 8 mai prochain sa tournée d’adieux.

Comment allez-vous ?
Johnny Hallyday. Très bien, même s’il y a eu des rumeurs la semaine dernière comme quoi j’étais mort ! Jean-Claude Camus m’a appelé tout de suite aux Etats-Unis en me demandant : « Comment va le mort ? » Ça m’a fait marrer.
Ça arrive de temps en temps, c’est bizarre, je n’arrive pas à savoir d’où ça vient.

Comment se sont passées les répétitions à Los Angeles ?
Sans problème. On a répété 28 ou 29 chansons avec mes musiciens. Sur scène, je vais en faire une ou deux de mon nouvel album et puis celles que les gens aiment bien. Je suis aussi allé puiser dans celles que je n’ai pas faites depuis longtemps, comme « Excuse-moi partenaire. » On va commencer les concerts par « Ma gueule » et terminer avec « Et maintenant, que vais-je faire ? » de Gilbert Bécaud. Un choix réfléchi.

Cette tournée est annoncée comme votre dernière. Vous allez vous y tenir ?
Oui. Après cette tournée, je vais laisser passer quelques années avant de remonter sur scène. J’ai beaucoup enchaîné les concerts ces dernières années. Vous savez, je n’aime pas la routine et je n’ai plus 20 ans. J’adore chanter mais je suis fatigué de dormir tous les soirs dans un hôtel différent, je suis fatigué de cette vie-là. Physiquement, ça va, mais je connais toutes les villes de France par coeur, je n’ai plus envie de me retrouver seul dans une chambre d’hôtel à 3 heures du matin en me disant que le lendemain ce sera la même chose.

En revanche, vous allez privilégier votre carrière d’acteur…
Lorsque je suis sur scène, je fais ce que les gens attendent de moi, je suis moi-même. Lorsque je joue un rôle au cinéma, je me mets dans la peau de quelqu’un d’autre. C’est ça qui m’intéresse aujourd’hui. Robert De Niro me racontait que lorsqu’il préparait un rôle, il s’asseyait à une terrasse de café à New York pour observer les passants et trouver une démarche à son futur personnage. J’aime bien cette façon de voir les choses. Faire du cinéma va aussi me permettre de rester longtemps au même endroit avec ma famille. Là, je ne vais pas pouvoir les emmener en tournée, ma petite dernière a 9 mois et la grande va avoir 5 ans. Ce n’est pas une vie pour elles.

Dans le film « Vengeance » réalisé par Johnnie To, vous jouez le rôle d’un gangster. C’est le genre de personnages qui vous attire ?
J’aime le cinéma d’action et j’ai toujours rêvé d’avoir un rôle comme celui-là. J’espère beaucoup de ce film. D’autant plus que j’ai été dirigé par quelqu’un qui ne connaît pas Johnny Hallyday, personne ne me connaît en Chine. Il a donc filmé un acteur et pas un chanteur qui fait du cinéma.

Ne seriez-vous pas quelque peu fatigué de Johnny Hallyday ?
Peut-être que j’en ai marre de jouer Johnny Hallyday… J’ai de plus en plus envie d’être Jean-Philippe Smet. Même si, depuis le temps, les gens se sont habitués à moi. Souvent, des gens que je ne connais pas viennent me voir dans la rue pour me demander très gentiment « Comment ça va, Johnny ? » Comme si j’étais un ami, comme si je faisais partie de la famille. C’est très touchant.

Il vous arrive de penser déjà à la retraite ?
Non. Je vais juste vivre un peu pour moi et les miens. Mais planter des fleurs dans un jardin, ce n’est pas mon style. Et puis je trouve le mot « retraite » affreusement triste, ça me fait penser à quelqu’un qui attend la mort. Pas pour moi.





Le Parisien

----------------------------------------------------


Avec «Vengeance», il confirme son statut d’acteur

Ce sera l’un des événements de Cannes. Johnny Hallyday montant les marches pour « Vengeance », un film en compétition, un film d’action chinois qui plus est, voilà qui devrait faire son effet sur la Croisette lors du 62 e festival de Cannes qui débute le 13 mai. Mais pour Johnny aussi, l’événement est de taille. En choisissant de s’exiler trois mois à Hongkong avec le réalisateur Johnnie To et des comédiens chinois, le chanteur a pris des risques.
Maintenant que le film est achevé (il sortira en salles le 20 mai), il peut être rassuré : il y est impérial, à la fois impressionnant de présence et remarquable de sobriété.
Ce rôle de Costello, un restaurateur français qui débarque à Macao pour venger sa famille massacrée par une triade locale, révèle tout le potentiel de l’acteur. « Je peux jouer des personnages très différents. Il me manquait le rôle pour accéder à un autre statut peut-être celui de la maturité , je crois que je viens de l’obtenir grâce à Johnnie To », assure Johnny, qui se considère autant comme un chanteur que comme un comédien. Il parle souvent de son « métier d’acteur ».

Des rôles assez audacieux

La star a d’ailleurs tourné avec les meilleurs Godard, Costa-Gavras, Patrice Leconte… et depuis les années 1970, il a semblé basculer à plusieurs reprises vers la profession de comédien. La dernière fois, c’était au début des années 2000. Johnny avait alors enchaîné plusieurs rôles coup sur coup, dont certains assez audacieux, comme dans « Love Me » (2000) de Laetitia Masson. Après « l’Homme du train » de Patrice Leconte, on l’a moins vu à l’écran, si ce n’est dans le mémorable « Jean-Philippe » (2006). « J’ai repris le chemin des tournées, se souvient Johnny. J’ai dû renoncer à des films que j’avais très envie de faire. » Mais cette fois, l’idole semble bien décidée à changer la donne

Le Parisien